La motorisation dans les pays en développement

Les défis en matière de développement durable afférents aux véhicules légers dans les pays en développement diffèrent par leur nature et leur ampleur de ceux qui se posent aux pays développés. Ces défis ont en général pour origine la vitesse à laquelle la motorisation se propage dans de nombreux pays en développement.

La motorisation dans les pays en développement permet l'urbanisation et la formation de banlieues. Cette tendance à exacerber l'écart entre les plus démunis et les classes moyennes toujours plus nombreuses dans ces pays, ces dernières disposant d'un meilleur accès aux emplois et autres aménagements en raison de leurs revenus croissants. Comme dans les pays développés, la motorisation et l'effet de banlieue tendent à saper la viabilité des systèmes "conventionnels" de transports publics; plus que dans les pays développés, des formes "non conventionnelles" de transports publics ont émergé. Cependant, le taux d'utilisation des transports publics par les plus démunis et les moins fortunés dans les pays en développement signifie que la perte de compétitivité des transports publics est un fardeau encore plus lourd à porter dans cette partie du monde. Bien que la structure de l'âge de la population dans la plupart des pays en développement soit bien différente de celle des pays développés, les plus jeunes occupant une plus grande place, le nombre de personnes démunies et de personnes âgées signifie qu'une moins bonne accessibilité apporte des contraintes encore plus fortes sur la vie citadine dans les pays en développement. Ceux qui sont pauvres et âgés à la fois trouveront la situation particulièrement difficile.

Les défis qui se posent en matière d'environnement pour développement durable des véhicules légers sont d'un type différent. Contrairement à ce qui se produit dans bien des pays développés, les émissions de polluants "conventionnels" par les véhicules légers s'accentuent, parfois rapidement, dans les pays en développement. Les concentrations d'ozone, d'oxydes de soufre, d'oxydes d'azote, de particules et même de plomb atteignent des niveaux très élevés dans de nombreuses villes des pays en développement. La construction de routes pour s'adapter au nombre croissant de véhicules légers et commerciaux pourrait bien contribuer davantage à la pollution des eaux et à la destruction de l'habitat dans les pays en développement que dans les pays développés. De même, le nombre total de véhicules étant moins important dans les pays en développement que dans les pays développés, les émissions de gaz à effet de serre par les véhicules légers dans les pays en développement ne sont pas aussi importantes que dans les pays développés. Cependant, la croissance rapide du parc de véhicules légers, si elle se poursuit à l'avenir, menace de changer radicalement le tableau. Les émissions de carbone liées aux transports dans les pays en développement (correspondant dans une large mesure aux émissions de carbone provenant des véhicules légers) égalent les émissions de carbone liées aux transports dans les pays développés depuis 2015. Dans la mesure où, en matière de consommation d'énergie, les véhicules légers sont en retard par rapport à ceux du  monde développé, le phénomène décrit plus haut s'est produit plus tôt que prévu.

Le niveau d'accidents et de décès liés à la circulation est important et, dans bien des régions, en augmentation. Bien que des systèmes de contrainte des occupants soient parfois installés dans les véhicules, leur usage n'est pas généralisé. Les véhicules eux-mêmes sont moins résistants aux chocs que dans les pays développés. Les obstacles au bord de la route sont beaucoup plus répandus, et pardonnent souvent beaucoup moins en cas de choc. Les piétons et les cyclistes sont particulièrement en danger, surtout lorsqu'ils doivent partager la chaussée avec des voitures, des bus et des camions.

Les niveaux de congestion sont devenus légendaires dans maints pays en développement, notamment en Amérique Latine et dans les pays d'Asie en développement. Le manque d'infrastructure autoroutière est aigu et le mauvais entretien de l'infrastructure autoroutière existante contribue aux problèmes de congestion. Le coût des systèmes de transport intelligents est probablement hors de portée de la plupart des pays en développement, et ce moyen potentiel de palier la congestion sera peut-être d'une aide moindre dans ce cas. Toutefois, les mécanismes de taxation de la congestion pourraient trouver une application généralisée dans les pays en développement.